
Dans l’atelier de l’artiste, avec Anne Kirkpatrick
La porte est entrouverte… vous pénétrez au cœur même de la création d’une médaille de baptême. Que va devenir ce petit tas de pâte à modeler informe ? Les mains agiles de l’artiste, instruments de sa pensée, vont lui insuffler des formes originales capables de toucher profondément l’âme.
Mais pour mieux comprendre, voici quelques pistes.
Au commencement, l’inspiration
L’inspiration, c’est tout d’abord la pensée qui est en route. Dans tous les instants de la vie, manger, dormir, aller, venir, l’esprit de l’artiste est toujours au travail. Il cueille ça et là, les éléments qui seront indispensables à la réalisation de son idée. Passer de l’inspiration à la création, c’est le chemin étroit. Alors, une technique rigoureuse est indispensable. Mais il doit laisser prédominer une impression de spontanéité et surtout de Vie à l’ensemble du sujet.
Rodin confiait à Gsell : dans une exposition, il y a des « peintures » qui ne sont que de peintures, et puis il y a des peintures qui sont « des fenêtres sur la vie » que sont les œuvres d’art.
La création
Les mains, instrument de l’esprit, vont traduire la pensée. Parfois quelques traits sont esquissés, mais très vite les premières formes en pâte à modeler sont montées sur un disque plat de 20 cm. C’est une sculpture complexe en bas-relief qui ne doit pas dépasser 5 mm d’épaisseur, en évitant toute anamorphose. Chaque millimètre carré est corrigé maintes fois, lissé, passé et souvent recommencé jusqu’à ce que la forme s’harmonise avec son ensemble. Des semaines, des mois où le poète laisse la place à l’artisan. Henri Guérin dans un opuscule dense « Patience de la main », dit si justement :« Vous devez apprendre à juger votre travail, même si vous en ressentez une cruelle insatisfaction…elle vous révèlera la patience qui encouragera vos actes, affermira votre regard et soutiendra votre main. Elle sondera votre obstination à affronter les obstacles toujours plus perceptibles. » Et c’est exactement le cas pour la réalisation d’une médaille : seuls les obstacles surmontés ouvrent à la perception de nouveaux obstacles.
Le plâtre.
Lorsque le modèle est suffisamment abouti, l’artiste réalise un moule sur la pâte à modeler, dans le creux duquel, un plâtre est coulé. Ce plâtre, dit : plâtre initial, reproduction du travail premier, sera corrigé puis recoulé, recorrigé autant de fois qu’il sera nécessaire pour arriver au plâtre final.
Ce plâtre final est maintenant porteur de toutes les contraintes afférentes à la réalisation d’une médaille. Chacun des détails sera reproduit avec une exactitude extraordinaire (au micron) sur la médaille.
Paradoxalement, le moindre défaut d’ensemble apparaitra plus important sur la médaille de 18 mm que sur le plâtre de 20 cm.
Créer un modèle de médaille de baptême, c’est réaliser une œuvre en vue de sa transformation, et de sa réduction qui en est l’aboutissement. Et la « vie » de cette œuvre en miniature commencera vraiment lorsqu’elle sera enfin dans le creux de votre main.
par Anne KIRKPATRICK